Les béguines de Cologne. Une histoire sociale de la vie religieuse urbaine (XIIIe-XVe siècles)
L’objectif du projet Beginen in Köln. Sozialgeschichte urbaner Frömmigkeit vom 13. bis zum 15. Jahrhundert, dirigé par Letha Böhringer, est la préparation d’une monographie sur les béguines de Cologne des XIIe et XIVe siècles et la mise à disposition sur Internet des données de la recherche. La ville de Cologne – et son corpus de sources unique – se prête particulièrement bien à une micro-histoire permettant de réaliser des études sur la position économique et sociale des béguines dans leur environnement urbain. Depuis 1998, Letha Böhringer a constitué une base de données comprenant 2100 fiches sur des béguines, des éditions en texte intégral et des registres sur les quelques 160 communautés. Ces données de recherche, qui contiennent des informations prosopographiques, socio-historiques et topographiques, seront mises à disposition gratuitement sur internet par le Centre des humanités numériques de Cologne (CCeH). La monographie et l’édition numérique sont étroitement liés. Les ensembles de données peuvent être évalués de manière plus complète avec un support automatisé que ce que les méthodes analogiques ne permettraient. Une fois le projet achevé, la base de données servira de fondement à la recherche sur les béguines et autres “femmes pieuses” ainsi qu’à la prosopographie de la ville de Cologne.
Au Centre des humanités numériques de Cologne (CCeH), les données sont préparées pour l’évaluation et la publication par Jan Bigalke. Les données décrivent principalement des transactions juridiques, en particulier des transactions immobilières, dans lesquelles des béguines ont été impliquées. En raison de la densité extraordinairement élevée des enregistrements fournies par les registres fonciers de la ville, les entrées peuvent être mises en relation les unes avec les autres, de sorte que les liens de parenté, de propriété et leur localisation urbaine puissent être retracées au cours d’une période donnée. L’objectif est de traiter la masse documentaire et de la rendre accessible au public, de telle sorte que ces réseaux et ces groupes deviennent visibles et utilisables.
Catálogo de Santas Vivas (1400-1550) : vers le corpus complet d’un modèle hagiographique féminin
Le « Catálogo de Santas Vivas » est un projet de recherche et développement, financé par le ministère espagnol des sciences et de l’innovation et dirigé par Rebeca Sanmartín Bastida. Le projet a pour objectif de développer un catalogue wiki pour faire connaître la vie des femmes castillanes antérieures à Thérèse de Jésus qui ont acquis une réputation de sainteté ou d’extrême vertu entre 1400 et 1550. Le terme « saint vivant » a été inventé par la chercheuse Gabriella Zarri pour désigner un modèle de saint visionnaire en Italie, influant dans les sphères de la cour et du couvent à la même époque, établissant ainsi un nouveau paradigme marqué notamment par Catherine de Sienne. Bien qu’ils soient aujourd’hui encore largement inconnus en dehors de la sphère de l’histoire de l’Église, les « saints vivants » castillans exerçaient en leur temps un réel leadership social. Les « saints vivants » présentés dans ce catalogue ne sont pas tous des femmes charismatiques et n’appartiennent pas tous à un ordre : le terme créé par Zarri a été ici utilisé de manière plus large pour englober un modèle de sainteté reconnu avant Trente et Thérèse de Jésus.
Certaines de ces saintes vivantes étaient des écrivaines, mais bien que de nombreux écrits de ces femmes aient disparu, les documents, lettres et révélations de certaines d’entre elles ont survécu et sont parfois inclus dans les vies. Leurs hagiographies apparaissent ainsi dans les manuscrits des XVe et XVIe siècles et dans les histoires manuscrites et imprimées des ordres religieux de Castille au XVIIe siècle, tout comme dans d’autres ouvrages (livres de couvents, histoires de villes) ou dans des recueils contenant des vies de saints (flos sanctorum). De cette manière, des textes qui n’avaient jamais été imprimés ou publiés indépendamment ont été récupérés. En plus de la création de ce corpus, ce projet développe une base de données basée sur le « Catálogo de Santas Vivas » qui permet de comprendre le modèle du point de vue de sa conformation performative et des espaces de pouvoir.
The Other Sister se consacre à l’étude des femmes qui ont adopté des formes de vie religieuse en dehors du cloître, dans l’Europe occidentale médiévale et moderne et en Nouvelle-France. En définissant et en contextualisant les expériences de ces femmes, The Other Sister vise à établir une correction nécessaire au tableau historiographique classique. L’objectif principal du projet est double : 1) améliorer ce champ important et global de l’histoire chrétienne par le biais de workshops, de séminaires thématiques, de publications et d’un carnet de recherche et, 2) remettre en question les limites habituelles imposées à ces religieuses non cloîtrées. Deux questions animent ce projet : “Qui étaient ces femmes ?” et “Quel était leur rôle ?”.
Le carnet de recherche collaboratif présente les différentes étapes du projet et suit l’évolution de la recherche. On y retrouve des 1) articles de diffusion sur le travail en cours; 2) discussions sur des questions historiographiques; 3) présentations d’archives; 4) études de cas de femmes non cloîtrées; 5) cartes interactives illustrant la localisation géographique des groupes de religieuses non cloîtrées et permettant de suivre le développement de mouvements spécifiques.
À long terme, une base de données bibliographique complète et consultable sur les études concernant les femmes non cloîtrées est aussi prévue.
International Scholars of the History of Women Religious Association – Durham University (Réseau ISHWRA)
ISHWRA est parti du constat que l’histoire des femmes religieuses (avec une définition large, prenant en compte tant les religieuses à vœux solennels que les laïques) existe en grande partie dans des silos nationaux, régionaux et chronologiques. L’objectif du réseau, coordonné par Sarah Barthélemy, Cormac Begadon et Gemma Betros, est de remédier à cette déconnexion chronologique et géographique qui limite la recherche et de proposer un réseau avec une portée explicitement globale, à la fois en termes d’intervenants et de contenu.
Les activités d’ISHWRA, lancé avec le soutien du Centre for Catholic Studies de Durham University (Royaume-Uni), ont toujours lieu au format hybride afin de permettre la plus large participation possible. Le séminaire mensuel permet de suivre les thèmes de recherche travaillés actuellement en histoire au croisement avec d’autres disciplines comme les sciences de l’éducation, la théologie, les études de genre, les sciences politiques, la sociologie, ou la musicologie. À titre d’exemple, les premières interventions ont couvert les territoires français, roumain, anglais et chinois. La deuxième activité récurrente d’ISHWRA est l’organisation et la tenue d’un workshop bisannuel. Le premier workshop, Female Religious in the French Revolution. Identity, Memory and History, a eu lieu en septembre 2021. Enfin, ISHWRA tient une base de données recensant les chercheurs de manière à rendre possible une recherche par périodes, aires géographiques et mots-clés. Vous pouvez vous y inscrire en complétant le formulaire suivant.
Monastic Landscapes est la continuation d’une solide trajectoire d’études et de projets sur la spiritualité féminine médiévale. Dirigé depuis l’Université de Barcelone par Marta Sancho et Núria Jornet-Benito, le projet rassemblant plusieurs universités est financé par le Ministerio de Ciencia, Innovación y Universidades. À l’origine se trouve CLAUSTRA, qui s’était concentré sur une perspective topographique à travers la géolocalisation, l’identification et le catalogage des espaces de la spiritualité féminine et qui s’est matérialisé numériquement dans l’Atlas CLAUSTRA. Puis, le projet Paisajes Espirituales, où une analyse holistique des paysages spirituels a été choisie : cette approche cherche à comprendre l’articulation des espaces intérieurs et extérieurs. Ce projet a permis l’affirmation du concept du spatial turn dans toute sa puissance, nous permettant d’interpréter le fait spirituel à partir de l’angle moteur de l’espace dans toute sa complexité.
Dans ce nouveau projet, Monastic Landscapes, nous insistons sur le dialogue entre les différentes sources (alors que l’archéologie du paysage s’articule naturellement avec les apports de la documentation écrite), tout en approfondissant certains aspects identifiés comme innovants et abordables du point de vu du spatial turn, de la matérialité et des études performatives. Nous entrons pleinement dans le champ des humanités numériques, tant du point de vue de l’intégration des technologies que de l’établissement de nouvelles relations sociales dans un contexte hyper-connecté.
Le projet s’articule en deux axes avec deux lignes principales dans chaque axe. Axe 1 : Territoires et paysages, avec, 1) une cartographie de la matérialité, sous la forme d’une bibliothèque virtuelle d’artéfacts qui recense une sélection d’objets significatifs provenant d’interventions archéologiques faits dans des monastères, ainsi que différentes collections de matériaux qui permettent d’analyser les connexions entre plusieurs zones du bassin méditerranéen, et 2) la création de cartes GIS de quatre monastères (Barcelone, Naples, Santarém et Séville) afin d’illustrer leur présence dans le tissu urbain et l’évolution de son patrimoine au fil du temps. Axe 2 : Topographies intérieurs, avec, 1) une analyse des matérialités éphémères, c’est-à-dire des performances et de la liturgie dans les monastères. Sur la base d’un concept large de “performance” (pratiques dévotionnelles, liturgiques, para-théâtrales et juridico-communautaires), nous sélectionnons et décrivons ces actes performatifs dans une base de données, en étudiant le rôle qu’ils jouent dans le contexte monastique (protagonistes, espaces, objets, gestes…). 2) De la même manière, les objets sont remis dans leurs contextes à travers un produit numérique permettant de les visualiser dans leur contexte monastique, permettant d’illustrer leurs espaces de conservation, leurs modalités d’utilisation, et leurs fonctions dévotionnelles, liturgiques ou performatives. Cette contextualisation numérique se base sur les inventaires des sacristies et des couvents du monastère de Sant Antoni i Santa Clara de Barcelone.